L’orthographe française est souvent perçue comme compliquée et c’est une réalité. Les principales raisons de cette complexité de l’écriture résultent essentiellement de sept facteurs :

I — L’histoire de l’écriture à la française

La France a toujours été un carrefour de civilisations. La langue française résulte ainsi de changements constants. Elle a emprunté au fil des siècles des éléments à d’autres langues telles que le latin, le grec, le germanique, l’espagnol, l’arabe, et bien d’autres encore. Ces influences multiples ont façonné la langue telle que nous l’utilisons aujourd’hui, mais elles ont aussi laissé des irrégularités peu compréhensibles dans l’orthographe.

Papier : emprunt du latin médiéval (papirus) au xiiie siècle, par transcription du grec πάπυρος, signifiant « papyrus », une matière qui était utilisée pour fabriquer des supports d’écriture dans l’Antiquité. L’orthographe a évolué au fil du temps pour devenir « papier » en français, reflétant ainsi l’évolution du matériau d’écriture.
Livre : Emprunt du latin (liber, libri) au xie siècle, qui a donné « liber », signifiant « écorce d’arbre » ou « partie intérieure de l’écorce » qui était utilisée comme matériau d’écriture. L’orthographe actuelle « livre » témoigne de la transformation du sens et de l’usage de ce mot à travers les siècles.
Écriture : Origine latine classique (scriptura) au xie siècle, signifiant « écriture, écrit, ouvrage ». L’orthographe a évolué pour devenir scripture avec un « s » initial puis escriture en ancien français, lequel a été plus tard remplacé par un « é ». Cette évolution montre comment certaines lettres ont changé dans l’orthographe au cours du temps.
Encre : Origine latine classique (encau(s)tum, au xie siècle, signifiant « encre de pourpre (réservée à l’empereur) », puis « encre », neutre substantivé de encaustus, « peint à l’encaustique », du grec εικαστικό χρώμα, signifiant « peinture à l’encaustique ». L’orthographe actuelle reflète l’évolution de l’usage de l’encre dans l’écriture. Certains se souviendront désormais avec nostalgie de l’encre violette de leur enfance et croiront aussi comprendre la raison de sa couleur, mais ils se tromperont. Sa couleur provenait de l’utilisation de la gentiane, une fleur peu chère, comme source de pigment, et celui-ci était naturellement violet. Elle tachait aussi beaucoup, ce qui met en lumière la raison pour laquelle les écoliers portaient généralement des blouses foncées.
Chiffre : emprunt du latin médiéval cifra au xiiie siècle, par transcription de l’arabe sifr, signifiant « zéro » puis « chiffre ». Il était à l’origine orthographié « chifre » sans le double « f », puis le « f » supplémentaire a été ajouté au fil du temps, peut-être en raison du dernier point de cette étude.

II — La complexité phonétique scripturale

La phonétique du français présente une complexité unique, caractérisée par une variété de sons et de nuances qui ne sont pas nécessairement reflétés dans son orthographe. L’une des particularités de cette langue est que de nombreuses lettres, internes ou finales, ne se prononcent pas, ce qui crée un écart entre la manière dont les mots sont écrits et la façon dont ils sont prononcés. Cette dissonance entre la phonétique et l’orthographe est un aspect fascinant du français.

Orthographie : Mot d’origine grecque (ορθογραφία) qui a donné en latin orthographia au xiiie siècle, signifiant « écriture correcte » puis a été remplacé par « orthographe » sauf dans certains domaines de l’architecture et de la géométrie. L’orthographe de ce mot français peut sembler complexe avec ses combinaisons de lettres « th » et « ph ». Elle reflète en réalité toute la richesse, souvent oubliée, de la langue française au fil du temps.
Nénufar : Emprunt du persan (nilufar) au xiiie siècle, s’est écrit « nénuphar » au xixe siècle par confusion en 1938 avec le mot latin nympha, signifiant la « nymphe ». Que n’a-t-on pas dit sur la correction de cette erreur qui persista tout de même 55 ans après plus de 700 ans d’écriture avec un « f ».
Ognon : Origine latine impériale (unionem), accusatif d’unio au xiie siècle « parce que cette plante n’a qu’un tubercule », signifiant « ognon », puis oingnun au xiiie siècle, signifiant « ognon ». La forme oignon apparut en concurrence avec l’écriture de « ognon » en 1835, et l’Académie de préciser que « L’I ne se prononce point, mais il sert à mouiller le G. » C’était parti pour une écriture avec un « i » durant 155 ans avant de revenir aux origines.
Vigne : Origine latine primitive (vinea) puis (vinum) au 0e siècle, signifiant « vigne » puis « vigne ». La présence de la lettre « i » devant un « g » dans le mot « vigne » a un rôle important dans la prononciation du mot en français moderne. Lorsque « i » précède « g », il se produit ce qu’on appelle une « palatalisation » du son « g. ». La palatalisation se produit lorsque le son « g » devient plus proche de la prononciation du son « j » (comme dans le mot « je » en français) en présence de la lettre « i. » Cela signifie que le « g » dans « vigne » est prononcé comme un son proche du « j, » et non comme le son « g » dur que l’on trouve dans des mots comme « gros » ou « grand. ». En ce qui concerne le « g » suivi de « n » dans « vigne », il forme une combinaison de consonnes appelée « gn. » En français, cette combinaison de lettres se prononce généralement comme le son « ny » ou « gn » en italien, ce qui est une nasalisation du son « n. » Cela signifie que, dans « vigne », le « gn » se prononce comme un « ny, » de sorte que le mot est prononcé « veen-yuh. ». La combinaison de la palatalisation du « g » devant « i » et la nasalisation du « gn » contribue à la prononciation spécifique du mot « vigne » en français. Cette évolution phonétique est courante dans la langue française et contribue à sa richesse phonologique. La palatalisation du « g » et la nasalisation du « gn » dans « vigne » sont des éléments fascinants de la phonétique française qui illustrent la diversité de la langue.

III — L’influence des autres langues sur la graphie

Le français a été influencé par d’autres langues au fil du temps, ce qui a introduit des exceptions et des incohérences dans l’orthographe. Pourquoi fallait-il écrire « hutte » et « cahute », ou encore « siffler » et « persifler » ? L’orthographe de certains mots provient par exemple de l’influence du latin, tandis que d’autres proviennent du grec ou de l’anglais.

Espagnol. Sénior s’écrivait encore récemment senior. Anglais. Logiciel se nommait autrefois software. Latin. CV a remplacé Curriculum vitae. Hongrois. Shako a remplacé schako.

IV — Le conservatisme linguistique

V — La pluralité syntaxique des dialectes et des prononciations

VI — L’influence de la littérature classique

VII — L’influence économique sur la genèse grammaticale

Il reste important, malgré ces défis de noter que l’orthographe française est un élément important de l’identité culturelle de la France, et de la francophonie en général. Bien que cela puisse sembler compliqué, l’orthographe française est également riche et fascinante, avec une histoire et une évolution intéressantes. De plus, de nombreuses ressources sont disponibles pour aider les apprenants à maitriser l’orthographe française.

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