Écriture de Ah ou Ha, Oh ou Ho
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Plan de lecture | Ah ou Ha, Oh ou Ho – Conseil d’écriture no 3 |
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Généralité | Quelle est l’écriture correcte des interjections ? |
Les variantes de l’écriture des interjections | |
Ah, ou ha, oh ou ho selon les experts | |
La vidéo des interjections ha ou ah et oh ou ho |
Pousse-t-on des ho ou des oh, et crie-t-on des ah ou des ha ? Les interjections possèdent une orthographe et une orthotypographie peu fixées tandis qu’en mise en page PAO, on s’attachera surtout à régler l’espacement insécable précédant le point d’exclamation du ah ou de ha. En expertise littéraire plus approfondie, on vérifiera plus spécialement la position du h et de sa voyelle selon le rendu que l’on veut obtenir.
Généralité
Quelle est l’écriture correcte des interjections ?
L’écriture des interjections ha ou ah, et des oh ou ho pose souvent des questions sur la position du h et des voyelles. Laquelle de ces deux graphies utilise selon vous une écriture correcte ?
- Ha si ! éclata de rire la jouvencelle en mimant l’air angoissé de son ami.
- Ah si ! éclata de rire la jouvencelle en mimant l’air angoissé de son ami.
Les deux écritures sont possibles selon le sens que l’on désire donner à notre phrase.
L’écriture des interjections varie selon la façon qu’est articulé le son et par conséquent selon l’intention qu’il exprime.
Érudit
Les variantes de l’écriture des interjections
Voici quelques définitions variant selon les nombreux dictionnaires consultés. Il n’y a apparemment pas l’unanimité sauf sur certains points :
- Ha et ah sont des interjections généralement interchangeables.
- La variante ha, plus explosive, est moins usitée, et certaines sources la considèrent archaïque.
- Lorsqu’elles sont dédoublées, ces interjections ha et ah expriment généralement un rire. Lorsqu'ellles sont simples, elles expriment des sentiments opposés.
Il en est de même pour les interjections hé et eh, heu et euh, ho et oh, et remarquons que hi n’existe qu’en une seule variante, et que rien n’existe pour la voyelle u.
Les interjections ha et ah selon les grands dictionnaires
- Mot
- Définition
- Ha
- Le Larousse : La graphie « ha » n’est utilisée que pour le rire.
- Le Druide : Le mot « ha » a le même rôle que « ah » en plus restrictif. « ha » exprime cependant aussi la surprise et la douleur, ainsi que le soulagement.
- Le Diagonal : L’interjection « ha » marque la surprise ou le rire.
- Le Bordas : Le mot « ha » est soit une variante vieillie de « ah », soit un cri ; une exclamation, ou un soupir qui marque la surprise, l’effort, etc.
- Ah
- Le Larousse : L’écriture « ah » est beaucoup plus large que le ha.
- Le Druide : Le mot signifie : « je suis soulagé, je suis en admiration, je souffre, j’espère, j’ai peur, etc. », ou « je pense subitement à quelque chose ». Ah ! Ah ! ou ah, ah ! est également le bruit du rire.
- Le Diagonal : L’interjection « ah » marque le rire, la découverte, et la surprise et peut également s’écrire « aha » ou « ahah ».
- Le Bordas : Le mot « ah » exprime une sensation ou une émotion et renforce l’expression de divers mouvements de l’âme, que répétée elle marque souvent l’ironie.
Expert
Ah, ou ha, oh ou ho selon les experts
Ah, ou ha, oh ou ho : la réponse des linguistes
Jean Fontaine
Il n’y a pas de stricte distribution des rôles entre les interjections ha ! et ah !, me dit Jean Fontaine de la société canadienne Druide, entre les interjections ha ! et ah !, qui, en pratique, sont employées de façon interchangeable. Si l’on compare dans divers dictionnaires les entrées consacrées à ces deux mots, on constatera en effet de nombreux chevauchements.
- Interjection
- Définition
- Ha
- Remarquons quand même que la graphie ha, qui débute par un h que l’on peut prononcer en expirant (phonème [h]), est tout indiquée pour représenter une exclamation vive, un éclat de rire, un cri, un soulagement ou toute émotion habituellement accompagnée d’une plus ou moins forte expiration.
- Ajoutons que les interjections commençant par la lettre h sont les seuls mots français (si l’on exclut de rares emprunts comme dead-heat) où cette lettre peut se faire entendre : le phonème expiré [h] est alors similaire à celui représenté par la même lettre en anglais, dans des mots comme hand ou happy. Et encore, répétons que cette prononciation expirée des interjections est facultative, et même plutôt minoritaire (les dictionnaires omettent souvent de la mentionner).
- Ah
-
Avec la forme « ah », dont le h est toujours muet (il était peut-être à l’origine un signe d’allongement de la voyelle), est généralement préférée quand l’exclamation est immédiatement suivie d’une autre interjection, d’un adverbe exclamatif, d’un mot court, d’une brève locution :
— Ah bon !
— Ah non !
— Ah zut !
— Ah ça alors ! - Cela peut s’expliquer par le fait que, dans ces expressions qui sont prononcées d’un trait, l’accent d’intensité n’est plus sur l’interjection, mais sur le mot qui suit. On voit d’ailleurs que le point d’exclamation qui suit habituellement l’interjection est déplacé à la fin de l’expression.
- Pour revenir à la forme ha, ajoutons que les interjections commençant par la lettre h sont les seuls mots français (si l’on exclut de rares emprunts comme dead-heat) où cette lettre peut se faire entendre : le phonème expiré [h] est alors similaire à celui représenté par la même lettre en anglais, dans des mots comme hand ou happy. Et encore, répétons que cette prononciation expirée des interjections est facultative, et même plutôt minoritaire (les dictionnaires omettent souvent de la mentionner).
C’est donc ah ou ha, au choix.
Le dialogue cité dans la question de départ présente simultanément deux caractéristiques : on y fait explicitement référence à un éclat de rire, ce qui favoriserait plutôt la graphie ha, mais l’interjection est insérée dans une expression exclamative où elle est suivie de l’adverbe si, ce qui militerait plutôt pour la graphie ah. On pourra choisir en fonction de l’aspect sur lequel on veut insister.
Les interjections et les onomatopées sont un domaine peu normalisé du lexique. Profitons de cette liberté !
Pas si sûr ! Comme d’habitude, la réponse de Jean est très élaborée, mais elle me laisse cette fois-ci un peu sur ma faim. J’interrogeais donc mes contacts de l’Académie française. Ils m’expliquèrent alors les nuances répertoriées dans le dictionnaire. J’aurais finalement aussi pu commencer par là, car tout y était déjà dit.
Patrick Vanier et Armand Erchadi pour l’Académie française
Patrick Vanier comme Armand Erchadi sont très inspirés par le sujet, sans doute plus que d’habitude. Il faut dire que le Dictionnaire a beaucoup travaillé sur la question.
- Interjection
- Définition
- Ha
- Initialement aspiré, le son dédoublé exprimait le reproche. Généralement répétée, cette onomatopée représente maintenant les sons vocaux produits par quelqu’un qui rit aux éclats : « Ha ! Ha ! Ha ! », « Ha ! Je ris de me voir si belle en ce miroir ! »
- Ah
- Aha
- Ahah
-
I. Interjection
Les mouvements affectifs très vifs
Il s’agit de l’interjection qui, dans la langue parlée et dans le discours écrit qui la reflète, sert à marquer, avec l’aide d’intonations appropriées (que l’écriture note uniformément par un point d’exclamation), divers mouvements affectifs très vifs :
— La douleur, l’indignation, l’impatience : « Ah ! Non ! Déjà fini ! »
— Le bonheur, le plaisir, la joie : « Ah ! Que c’est agréable ! »
— La surprise, l’admiration, l’enthousiasme : « Ah ! La langue française, quelle belle langue ! » -
Le tour énergique ou la nouveauté
Il s’agit de l’interjection qui ne sert souvent qu’à donner un tour plus énergique à la phrase ou à introduire une idée nouvelle :
« Ah ! J’ai compris. » -
Le bégaiement
Il s’agit de l’interjection qui, redoublée, exprime la surprise, l’ironie, ou la satisfaction :
« Ah ! ah ! quelle belle idée que ce conseil d’écriture sur les onomatopées ! » -
Les autres cas
Il s’agit de la locution exclamative familière ou populaire. Elle exprime alors :
— l’insouciance : « Ah bah ça alors ! Il y a donc un public pour ce type de conseil d’écriture ? »
— L’étonnement, la protestation, etc. : « Ah bien, oui, ha bien, oui, là je trouve que c’est vrai. »
— Le mécontentement, l’agacement, l’impatience : « Ah çà ! ce n’est pas ce genre d’émotions que l’on trouverait chez Le Corrigeur. »
— L’agacement : « Ah là là ! Et il y en a long comme cela ? Oui ! »
— La protestation, l’opposition, le refus : « Ah ! mais je veux savoir comment je vais corriger ça, pas apprendre toute une encyclopédie ! »
— Le dépit, etc. : « Ah ! misère ! Dire qu’il suffirait que l’on pense que les gens ne les achètent plus pour que ça ne se vende plus » déclarait Coluche dans son sketch Misère.
— L’effroi, l’affliction, etc. : « Ah ! mon Dieu ! », « ah ! Dieu ! tant de cas pour le mot ah ! Comment en est-on arrivé là ? »
— La protestation, la colère, etc. : « ah ! nom de Dieu », « ah bon Dieu ! Cette liste du ah ne s’arrêtera donc jamais ! »
— L’appui d’une négation, une affirmation : « Ah non ! ah oui ! »
— La compréhension, souvent par ironie : « Ah ! voilà que l’on arrive à la fin de la liste des ah ! » -
II. Substantif masculin invariable
Les sentiments
Ah exprime des sentiments divers (douleur, joie, etc.). Pousser des ah ! ou pousser des oh ! et des ah !
-
Ho
-
Les sons vocaux ou cris d’animaux
Cette onomatopée était initialement un mot aspiré et provient des ho qui signifiait « halte ! », par exemple avec du bétail, avant de devenir une interjection d’appel « Ho ! Toi ! » avant de se voir utilisé par réduplication pour marquer l’étonnement « Ho ho ! » dans le sens de « Houhou ! » indiquant le cri du chat-huant puis du coucou d’Afrique du Nord puis de la chouette ou du hibou.
- Oh
-
La réaction
Cette interjection marque généralement une réaction (de désapprobation, de désaccord, d’étonnement, etc.) à un évènement ou une situation qui est motivée par une opinion, un point de vue du locuteur sur cet évènement ou cette situation :
— L’ensemble de l’interjection suivi d’un point d’exclamation : « oh la oh ! », « ho la la ! »
— Elle s’écrit avec un énoncé explicitant ou pas ce qui a motivé la réaction : « ho ! ho ! Il est là. »
Elle peut également marquer que le locuteur éprouve un sentiment de compassion envers quelqu’un, ou qu’il plaint quelqu’un : « Ce navet ? Ah ! bien, en voilà une drôle de chose. Inutile de me dire oh ! oh ! »
- Oho
-
L’étonnement
L’interjection oho marque l’étonnement : « oho ! Vous ici ? Petit polisson ! »
Ah, ou ha, oh ou ho : la réponse du CNRTL
Sachant que les travaux du service du Dictionnaire s’appuient beaucoup sur les recherches du Centre national de Recherches textuelles et lexicales, je contactais donc ce service pour remonter aux sources. La réponse, complexe, intéressera les érudits de notre belle langue.
- Interjection
- Définition
- Ah
- Aha
- Ahah
-
Interjection
Mouvements affectifs très vifs
Interjection qui, dans la langue parlée et dans le discours écrit qui la reflète, sert à marquer, avec l’aide d’intonations appropriées (que l’écriture note uniformément par un point d’exclamation), divers mouvements affectifs très vifs :
— La douleur, l’indignation, l’impatience.
— Le bonheur, le plaisir, la joie.
— La surprise, l’admiration, l’enthousiasme. -
Idée nouvelle
Interjection qui ne sert souvent qu’à donner un tour plus énergique à la phrase ou à introduire une idée nouvelle. -
Surprise
Interjection qui, redoublée, exprime la surprise, l’ironie, la satisfaction (on écrit alors aussi aha ou ahah). -
Exclamation
Locution exclamative, familière, ou populaire. -
Substantif masculin invariable
Sentiments divers
Il exprime des sentiments divers (douleur, joie, etc.).
- Ha
-
Rire aux éclats
Représente les sons vocaux produits par quelqu’un qui rit aux éclats.
- Oh
-
Interjection
Rupture
Interjection qui marque une rupture, une discontinuité et marque un sentiment de surprise, d’étonnement :
— Suscitée par un évènement extérieur au discours lui-même.
— Suscitée par ce qui vient d’être dit, par le propos lui-même. -
Commentaire
Interjection qui marque une rupture, une discontinuité et signale que le locuteur commente ce qu’il vient de dire :
— Précède un énoncé ayant valeur de remarque en aparté.
— Précède un énoncé ayant valeur d’aveu.
— Précède un syntagme à valeur appréciative négative ou positive. -
Désengagement
Interjection qui marque une rupture, une discontinuité et signale un désengagement plus ou moins complet du locuteur vis-à-vis de ce qui vient d’être dit :
— Précède un énoncé contestant ou rectifiant ce qui a été affirmé précédemment.
— Précède un énoncé contestant ou rectifiant une implication ou une conclusion que l’on pourrait tirer de l’énoncé précédent : déclaratif, interrogatif, ou exclamatif.
— Précède un énoncé qui conteste les motifs pouvant fonder l’énonciation de l’interlocuteur : par lequel le locuteur refuse une offre, une suggestion, un ordre, le refus d’une offre, le refus d’une suggestion ou d’un ordre. Dans cet emploi oh peut être suivi d’après tout. -
Changement de point de vue
Interjection qui marque une rupture, une discontinuité et signale que le locuteur a changé de point de vue ; l’énoncé qui suit présente l’argument qui justifie le point de vue nouveau. -
Paroxysme suivi d’une demande
Interjection qui signale que du point de vue du locuteur une situation a atteint un point de paroxysme et est suivie d’une demande, d’une requête voire d’une imploration :
— Le destinataire est indiqué.
— Le destinataire n’est pas indiqué. -
Paroxysme
Interjection qui signale que du point de vue du locuteur une situation a atteint un point de paroxysme et est suivie d’une demande, d’une requête voire d’une imploration :
— L’interjection est suivie d’un énoncé exprimant le haut degré d’une propriété.
— L’interjection est suivie d’un énoncé traduisant l’impatience ou l’exaspération.
- Ho
-
Son
Ce mot représente divers sons vocaux ou cris d’animaux.
Conclusion sur l’écriture de ha et ah, ho et oh
Tout est possible ou presque. Le h en première position marque toutefois plutôt une oppression et donc l’explosion tandis que le h en deuxième sera à réserver aux réactions marquant une décompression.
Et ô ? Et eh et hé ?
La confusion entre ô, une interjection remplie d’admiration servant à invoquer ou alors à exprimer un élan, et les interjections oh et ho est en pratique assez rare. Les interjections hé et eh suivent à peu près la même logique que pour oh et ho, ou bien ha et ah.